APPEL À COMMUNICATIONS
Gabriel Fauré – Théodore Dubois Perspectives et héritage 2024
Colloque international
Organisé par l’équipe « Musique française 1870-1950 : discours et idéologies »de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM, Université de Montréal), par le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) ; par l’Institut de recherche en musicologie (IReMus, CNRS) en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, la Bibliothèque musicale La Grange-Fleuret et l’Académie des Beaux-Arts.
Paris, du 6 au 8 novembre 2024
Mise en contexte
Des chercheurs et des chercheuses rattaché·es à différentes institutions d’enseignement supérieur de la musique en France et au Québec se proposent d’organiser un colloque international à l’occasion du 100e anniversaire des disparitions de Gabriel Fauré (1845-1924) et de Théodore Dubois (1837-1924).
Ce colloque sera l’occasion de faire le point sur les études fauréennes, comme d’ouvrir de nouvelles perspectives dans ce domaine. Les travaux des vingt dernières années, finalement pas si nombreux (Gordon 1999 ; Philipps 2000 ; Caballero 2001 ; Johnson 2016 ; Nectoux 2018 ; Rumph 2020 ; Caballero 2021), ont mis en lumière de manière renouvelée certaines caractéristiques de l’œuvre de Fauré. Son apport à la musique française de son époque a ainsi été réévalué (à travers l’œuvre de ses élèves également). Ils ont aussi invité à repenser la manière d’écrire sur la musique (l’œuvre du philosophe et musicographe Jankélévitch a été déterminante concernant Fauré) ou l’influence wagnérienne sur la génération fauréenne. Ils questionnent et reconsidèrent les sources, notamment dans le but de proposer de nouvelles éditions des partitions (en particulier l’édition monumentale en cours de réalisation chez Bärenreiter, dirigée par Jean-Michel Nectoux et Nicolas Southon, mais aussi par exemple l’édition des mélodies réalisée par Roy Howat et Emily Kilpatrick chez Peters). Tous ces aspects méritent d’être encore approfondis.
Par ailleurs, l’œuvre musicale de Fauré, mais aussi son apport à la vie musicale de son époque, demeurent à de nombreux égards encore à explorer. Ainsi l’action de Fauré au Conservatoire de Paris (comme professeur de composition puis directeur réformateur (Hilson Woldu 1984)) et son rôle à l’Institut de France mériteraient une attention soutenue; il est assurément nécessaire aussi de s’interroger sur l’enseignement qu’a reçu le musicien à l’école Niedermeyer, et sur l’impact que cela a pu avoir sur la singularité de son langage. Il semble aussi pertinent de réévaluer la fameuse « trinité »de la musique française Fauré-Debussy-Ravel. Il reste encore bien des études à réaliser sur la musique de scène Prométhée et l’opéra Pénélope. On peut aussi s’interroger sur Fauré en tant qu’éditeur de Bach et de Schumann pour la maison Durand, tout comme il peut être nécessaire d’approfondir la réflexion à propos de la construction de l’image du maître (Moore 2022). L’héritage fauréen, qui s’est par exemple incarné en la constitution du fameux « style Fauré », dans l’enseignement de l’écriture (notamment au Conservatoire de Paris), à partir des années 1940/1950, phénomène à la croisée de la canonisation et de la pédagogie, mérite lui aussi d’être éclairé de manière renouvelée.
L’occasion de ce double centenaire semble idéale pour explorer l’œuvre et la carrière du contemporain de Fauré, Théodore Dubois, alors que l’on a publié il y a peu ses Souvenirs ainsi que son Journal, tout comme on a commencé à s’intéresser plus attentivement à sa musique (citons l’exemple de son oratorio Le Paradis perdu de 1878). C’est ainsi que sa musique de chambre a fait l’objet entre 2006 et 2008 de trois disques chezAtmaetd’unautredisquechezToccataClassicsen2021;son2e Concertopourpiano a été enregistré par l’orchestre Les Siècles en 2012; le Palazzetto Bru Zane a consacré à Dubois en 2014 le livre-disque « Portrait »qui accompagne trois disques permettant de découvrir plusieurs œuvres de Dubois dont la Symphonie no 2, la Messe pontificale, la Symphonie « française »et des motets; plus récemment, en 2018, sa musique pour piano a été mise sur disque par le pianiste Artur Cimirro.
On peut dire que les deux musiciens ont été globalement négligés, en tout cas marginalisés, par les historiens de la musique – Dubois plus que Fauré, certainement. La modernité de Fauré n’était assimilable ni aux inventions radicales de Debussy ni aux séductions orchestrales de Ravel. Quant à Dubois, son inscription revendiquée dans l’Académie et certaines de ses prises de position conservatrices (elles aussi méritant peut-être d’être reconsidérées) l’ont effacé des grands récits inspirés par les avant-gardes.
Ainsi apparaît la possibilité d’une étude croisée de Fauré et Dubois, selon plusieurs points de vue possibles (académie vs courants modernes et alternatifs, carrière par le théâtre ou par les salons, conceptions de la musique religieuse, inscription dans le milieu musical, positions esthétiques, etc.), et en étudiant la complémentarité des deux musiciens plutôt qu’en les opposant.
Objectif
D’une part, ce colloque sera l’occasion d’ouvrir de nouvelles perspectives scientifiques sur Fauré et Dubois, en incitant (sans obliger) à la comparaison de leurs parcours biographiques. Il ne s’agira cependant pas de séparer l’étude des œuvres musicales de celle des carrières et des idées esthétiques pour chaque compositeur, mais aussi et le plus possible de croiser les parcours des deux musiciens.
D’autre part, ce colloque donnera une place importante aux études liées à la performance, en portant une attention toute particulière aux enjeux entourant l’exécution au concert et l’enregistrement de la musique de Dubois et Fauré.
Le colloque est articulé autour de 4 axes :
- L’oeuvre des deux compositeurs
- mises en contexte des œuvres musicales(avec une attention particulière portée aux sources d’inspirations : Orient, Antiquité, XVIIIe siècle, etc.)
- activité de critique musicale
- approche théorique (harmonie, composition, orchestration, etc.)
- frontières esthétiques (possible comparaison Fauré vs Dubois)
- musiciens d’Église (en 1877 Dubois est titulaire de l’orgue à l’Église de la Madeleine alors que Fauré en devient le maître de chapelle. Fauré sera à son tour titulaire de l’orgue en 1896)
- Rôles institutionnels
- l’École Niedermeyer et le Conservatoire
- réussir au théâtre lyrique : le Prix de Rome (Dubois) et les modes de reconnaissance parallèles (Fauré)
- l’éducation musicale (Fauré élève de l’École Niedermeyer puis professeur et directeur au Conservatoire de Paris, inspecteur aussi ; Dubois élève puis professeur et enfin directeur au Conservatoire de Paris)
- l’impact du monde des salons et de l’Académie sur la carrière des musiciens
- les débats esthétiques à travers plusieurs affaires ( « scandale »du Prix de Rome de Ravel, contestations des directions Dubois puis Fauré, tensions à la SMI, etc.).
- la place des actions des deux compositeurs dans le milieu musical sous la IIIe République
- nationalisme : les deux musiciens de la guerre de 1870 à la Grande Guerre
- Interprétation
- les interprètes de Fauré et de Dubois d’hier et d’aujourd’hui
- interpréter Fauré et Dubois au concert aujourd’hui
- la musique de Fauré et de Dubois sur disque hier et aujourd’hui
- explorationdesparticularitésstylistiquesettechniquesliéesauxinstrumentsde l’époque (on pense en particulier au piano et au jeu perlé)
- Héritage
- le temps long des écritures musicales (harmonie fauréenne et sa déclinaison pédagogique, l’harmonie et le contrepoint selon Dubois aux quatre coins du monde – influence passée et présente)
- programmer Fauré et Dubois depuis les années 1920
- redécouvrir Dubois au XXIe siècle
- éditer Fauré et Dubois
Références citées
Caballero, Carlo (2004), Fauré and French musical aesthetics (vol. 13). Cambridge, Cambridge University Press.
Caballero, Carlo and Stephen Rumph (dir.) (2021), Fauré Studies. Cambridge, Cambridge University Press.
Dubois, Théodore (2009), Souvenirs de ma vie, présentés et annotés par Christine Collette-Kléo, Lyon, Symétrie-Palazzetto Bru Zane.
Dubois, Théodore (2012), Journal, présenté et annoté par Charlotte Segond-Genovesi et Alexandre Dratwicki, Lyon, Symétrie-Palazzetto Bru Zane.
Gordon, Tom (dir.) (1999), Regarding Fauré, Amsterdam, Gordon and Breach, 1999.
Hilson Woldu, Gail (1984), « Gabriel Fauré, directeur du Conservatoire : les réformes de 1905 », Revue de musicologie, vol. 70 no 2, p. 199-228.
Johnson, Graham (2009), Gabriel Fauré : The Songs and their Poets, The Guildhall School of Drama & Music, Ashgate, New York, Routledge.
Moore, Christopher (2022), « Three Versions of Classic : The Construction of Gabriel Fauré in the 1920s », Nineteenth-Century Music Review, vol. 19, no 2, p. 273-289.
Nectoux, Jean-Michel (2018), Gabriel Fauré : Catalogue des œuvres, Kassel, Bärenreiter.
Philips, Edward R. (2020), Gabriel Fauré. A Guide to Research, New York, Londres, Garland.
Rumph, Stephen (2020), The Fauré Song Cycles : Poetry and Music, 1861–1921, Berkeley, University of California Press.
La participation au colloque pourra prendre diverses formes :
Communication (20 minutes)
Conférence-récital (30 minutes) : les formations de musique de chambre sont admises
Table ronde (45 minutes) : la proposition doit être accompagnée des biographies de toutes et tous les participant·es.
Atelier (45 minutes) : la proposition doit permettre de mettre en réseau les participant·es autour d’une proposition de projet de recherche collaboratif sur l’un ou l’autre des compositeurs.
Les langues de présentation du colloque seront le français et l’anglais.
Le comité encourage tout particulièrement les jeunes chercheuses et chercheurs à déposer des propositions.
Merci de nous faire parvenir vos propositions de communication, de conférence- récital, de table ronde ou d’atelier (max. 4 000 caractères, espaces compris) au plus tard le 1er novembre 2023 en remplissant le formulaire en ligne disponible à l’adresse suivante :
Google Form : https://forms.gle/edpGwgxXZMEG2FT3A
Pour toute question : kamille.gagne@umontreal.ca.